La chasse en France est une activité profondément ancrée dans la culture et les traditions. Elle joue un rôle important dans la gestion de la faune sauvage et l’équilibre des écosystèmes. Chaque année, des milliers de chasseurs parcourent les forêts, les plaines et les zones humides à la recherche de gibier. Mais quelles sont réellement les espèces les plus chassées sur le territoire français ? De la grande faune emblématique aux petits gibiers plus discrets, découvrez les animaux qui font l’objet de la plus grande attention des chasseurs et comment leur gestion s’organise pour préserver les populations à long terme.

Espèces de grand gibier chassées en france

Le grand gibier occupe une place centrale dans la chasse française. Ces espèces imposantes nécessitent des méthodes de chasse spécifiques et une gestion rigoureuse de leurs populations. Parmi les plus recherchées, on trouve principalement les cervidés et le sanglier.

Cervidés : cerf élaphe et chevreuil

Le cerf élaphe ( Cervus elaphus ) est le plus grand cervidé d’Europe. Majestueux avec ses bois ramifiés, il fait l’objet d’une chasse très réglementée. Les populations de cerfs sont suivies de près et leur prélèvement est soumis à des plans de chasse stricts. Le chevreuil ( Capreolus capreolus ), plus petit et plus commun, est également très prisé des chasseurs. Sa chasse nécessite des approches discrètes et une bonne connaissance de son comportement.

Ces deux espèces sont chassées principalement à l’approche ou à l’affût, des techniques qui demandent patience et discrétion. Les cervidés jouent un rôle important dans l’écosystème forestier, mais leur surpopulation peut causer des dégâts importants aux jeunes arbres et aux cultures. La chasse participe ainsi à réguler leurs effectifs.

Sanglier : sus scrofa

Le sanglier ( Sus scrofa ) est sans conteste l’espèce de grand gibier la plus chassée en France. Cet animal robuste et intelligent pose de nombreux défis aux chasseurs. Sa population a connu une forte augmentation ces dernières décennies, causant d’importants dégâts aux cultures. La chasse au sanglier s’organise principalement en battues, mobilisant de nombreux chasseurs et chiens.

La gestion du sanglier est un enjeu majeur pour les fédérations de chasse. Des efforts sont faits pour limiter le nourrissage artificiel qui favorise la prolifération de l’espèce. Les prélèvements annuels de sangliers atteignent plusieurs centaines de milliers d’individus, témoignant de l’importance de cette chasse dans la régulation des populations.

Chamois et mouflon dans les zones montagneuses

Dans les régions montagneuses, le chamois ( Rupicapra rupicapra ) et le mouflon ( Ovis gmelini musimon ) sont des espèces très recherchées. Leur chasse exige une excellente condition physique et une grande connaissance du terrain. Ces animaux vivent dans des milieux escarpés et difficiles d’accès, ce qui rend leur chasse particulièrement sportive et technique.

La chasse au chamois et au mouflon est strictement encadrée par des plans de chasse qui tiennent compte de la fragilité de leurs habitats. Les prélèvements sont limités et sélectifs, visant à maintenir des populations saines et équilibrées. Cette gestion rigoureuse a permis de préserver ces espèces emblématiques des montagnes françaises.

Petit gibier : oiseaux et mammifères recherchés

Si le grand gibier attire beaucoup l’attention, le petit gibier reste très populaire auprès des chasseurs français. Ces espèces de taille plus modeste offrent des expériences de chasse variées et sont souvent associées à des traditions cynégétiques anciennes.

Gibier à plumes : faisan, perdrix, bécasse

Parmi le gibier à plumes, le faisan ( Phasianus colchicus ) occupe une place de choix. Originaire d’Asie, il a été introduit en France pour la chasse et s’est bien adapté. La perdrix, qu’elle soit grise ( Perdix perdix ) ou rouge ( Alectoris rufa ), est également très appréciée. Ces oiseaux sont chassés « devant soi », souvent avec l’aide de chiens d’arrêt.

La bécasse des bois ( Scolopax rusticola ) est un cas particulier. Cet oiseau migrateur au vol capricieux est considéré comme un trophée par de nombreux chasseurs. Sa chasse, techniquement difficile, se pratique principalement en forêt et nécessite une grande expérience.

Lagomorphes : lapin de garenne et lièvre

Le lapin de garenne ( Oryctolagus cuniculus ) et le lièvre ( Lepus europaeus ) sont des gibiers traditionnels de la chasse française. Le lapin, autrefois très abondant, a vu ses populations décliner suite à des épizooties, mais reste chassé dans de nombreuses régions. Le lièvre, plus grand et plus rapide, offre des poursuites spectaculaires et sa chasse est souvent considérée comme un art.

Ces espèces sont généralement chassées à l’aide de chiens courants qui les poursuivent, ou lors de battues. Leur gestion nécessite une attention particulière car leurs populations peuvent fluctuer rapidement en fonction des conditions environnementales et des maladies.

Oiseaux migrateurs : canard colvert, sarcelle d’hiver

La chasse au gibier d’eau occupe une place importante dans certaines régions, notamment sur le littoral et près des grands plans d’eau. Le canard colvert ( Anas platyrhynchos ) est l’espèce la plus commune et la plus chassée. La sarcelle d’hiver ( Anas crecca ), plus petite, est également très recherchée pour la qualité de sa chair.

La chasse aux oiseaux migrateurs se pratique souvent à l’affût, dans des installations spécifiques comme les huttes ou les gabions. Elle nécessite une bonne connaissance des habitudes des oiseaux et des conditions météorologiques. La gestion de ces espèces migratrices est complexe car elle doit tenir compte de leur statut de conservation à l’échelle internationale.

Réglementation et périodes de chasse par espèce

La chasse en France est une activité très réglementée, avec des périodes d’ouverture et des modalités spécifiques pour chaque espèce. Cette réglementation vise à assurer une gestion durable des populations animales tout en permettant la pratique de la chasse.

Plan de chasse pour les cervidés et le chamois

Les cervidés (cerf et chevreuil) ainsi que le chamois font l’objet de plans de chasse obligatoires. Ces plans définissent le nombre d’animaux pouvant être prélevés sur un territoire donné, en fonction de l’état des populations. Chaque animal abattu doit être muni d’un bracelet numéroté, permettant un suivi précis des prélèvements.

Les périodes de chasse pour ces espèces s’étendent généralement de septembre à février, avec des variations selon les départements. La chasse à l’approche ou à l’affût peut parfois commencer dès l’été pour certaines catégories d’animaux, comme les brocards (chevreuils mâles).

Dates d’ouverture spécifiques au gibier d’eau

La chasse au gibier d’eau bénéficie d’un calendrier particulier. L’ouverture anticipée, souvent appelée « ouverture au marais », a généralement lieu fin août pour certaines espèces comme le canard colvert. Les dates précises varient selon les départements et les espèces concernées.

La fermeture de la chasse au gibier d’eau intervient plus tard que pour les autres espèces, souvent fin janvier ou début février. Ces dates sont fixées en tenant compte des périodes de migration et de reproduction des oiseaux. La chasse de nuit au gibier d’eau est autorisée dans certains départements, mais elle est strictement encadrée.

Quotas et restrictions pour le petit gibier sédentaire

Pour le petit gibier sédentaire comme le faisan, la perdrix ou le lièvre, les périodes de chasse sont généralement plus courtes, s’étalant d’octobre à décembre ou janvier selon les régions. Des quotas de prélèvement sont souvent mis en place au niveau local pour préserver les populations.

Certaines fédérations départementales de chasse imposent des restrictions supplémentaires, comme des jours de chasse limités ou des prélèvements maximums autorisés par chasseur et par jour. Ces mesures visent à assurer une gestion durable des populations de petit gibier, particulièrement sensibles aux pressions de chasse et aux modifications de leur habitat.

Méthodes de chasse adaptées aux différentes espèces

Les techniques de chasse varient considérablement selon les espèces poursuivies. Chaque méthode requiert des compétences spécifiques et s’adapte au comportement du gibier ainsi qu’à son environnement.

Battue au grand gibier : organisation et sécurité

La battue est la méthode la plus courante pour chasser le grand gibier, particulièrement le sanglier. Elle implique une organisation minutieuse et un respect strict des règles de sécurité. Les chasseurs sont postés à des endroits stratégiques pendant que des rabatteurs et des chiens poussent le gibier dans leur direction.

La sécurité est primordiale lors des battues. Les chasseurs doivent porter des vêtements fluorescents, respecter des angles de tir sécurisés et suivre les instructions du chef de battue. Des briefings de sécurité sont systématiquement organisés avant chaque battue pour rappeler les consignes essentielles.

Chasse à l’approche et à l’affût pour cervidés

Pour les cervidés, la chasse à l’approche et à l’affût sont privilégiées. Ces méthodes demandent patience, discrétion et une bonne connaissance du comportement animal. Le chasseur s’approche silencieusement du gibier ou attend à un poste fixe que l’animal se présente.

Ces techniques permettent une sélection précise des animaux à prélever, conformément aux plans de chasse. Elles sont souvent pratiquées à l’aube ou au crépuscule, moments où les cervidés sont les plus actifs. L’utilisation de jumelles et parfois de caméras thermiques aide à repérer et identifier les animaux à distance.

Techniques de chasse au chien courant pour le sanglier

La chasse au sanglier avec des chiens courants est une tradition bien ancrée dans certaines régions. Les chiens, spécialement dressés, suivent la trace du sanglier et le poursuivent, guidant les chasseurs vers l’animal. Cette méthode est particulièrement efficace dans les terrains difficiles ou très boisés.

Le choix des chiens est crucial : certaines races comme le griffon nivernais ou le bleu de Gascogne sont réputées pour leur aptitude à la chasse au sanglier. La coordination entre les chasseurs et la meute de chiens est essentielle pour le succès de la chasse et la sécurité de tous les participants.

Gestion cynégétique et conservation des espèces chassables

La gestion cynégétique moderne va bien au-delà de la simple pratique de la chasse. Elle implique une approche globale visant à maintenir des populations animales saines et équilibrées tout en préservant leurs habitats.

Aménagement des territoires et cultures fauniques

L’aménagement des territoires de chasse est un aspect crucial de la gestion cynégétique. Cela inclut la création et l’entretien de zones favorables à la faune sauvage, comme les haies, les bosquets ou les points d’eau. Les cultures fauniques, spécialement plantées pour nourrir et abriter le gibier, jouent également un rôle important.

Ces aménagements profitent non seulement aux espèces chassables mais aussi à l’ensemble de la biodiversité. Ils créent des corridors écologiques et des habitats diversifiés qui favorisent la présence d’une faune variée. Les chasseurs contribuent ainsi à la préservation des écosystèmes au-delà de leur simple intérêt cynégétique.

Suivi des populations par comptages et indices

Le suivi scientifique des populations animales est essentiel pour une gestion durable de la chasse. Des comptages réguliers sont effectués pour estimer les effectifs des différentes espèces. Ces opérations mobilisent souvent de nombreux bénévoles et utilisent des techniques variées comme les comptages nocturnes aux phares pour les cervidés ou les battues à blanc pour le petit gibier.

D’autres indices sont également collectés pour évaluer l’état des populations : indices kilométriques d’abondance, relevés de traces, analyse des tableaux de chasse. Ces données permettent d’ajuster les prélèvements et les mesures de gestion en fonction de l’évolution réelle des populations sur le terrain.

Programmes de réintroduction : exemple du faisan de colchide

Dans certains cas, des programmes de réintroduction sont mis en place pour restaurer des populations de gibier disparues ou fortement déclinantes. Le faisan de Colchide est un bon exemple de ces efforts. Bien que non indigène en France, cette espèce fait l’objet de programmes de réimplantation dans de nombreux territoires.

Ces réintroductions nécessitent une préparation minutieuse : aménagement de l’habitat, contrôle des prédateurs, lâchers progressifs d’oiseaux issus d’élevages adaptés. L’objectif est de créer des populations autonomes, capables de se reproduire naturellement. Le succès de ces opérations dépend d’un suivi rigoureux et d’une gestion cynégétique adaptée, avec souvent une suspension temporaire de la chasse pour permettre l’implantation durable de l’espèce.

La gestion des espèces chassables en France illustre la complexité des interactions entre activité humaine et conservation de la nature. Elle

implique une réflexion constante sur l’équilibre entre prélèvement et préservation. Les chasseurs, en tant qu’acteurs de terrain, jouent un rôle crucial dans cette gestion, mais leur action s’inscrit dans un cadre plus large impliquant scientifiques, associations de protection de la nature et pouvoirs publics.

Cette approche collaborative est essentielle pour relever les défis actuels liés à la biodiversité. Elle permet d’adapter les pratiques de chasse aux réalités écologiques tout en préservant une activité profondément ancrée dans la culture rurale française. La chasse du 21e siècle se veut ainsi non seulement un loisir, mais aussi un outil de gestion écologique au service de la nature.

Cependant, cette vision n’est pas sans soulever des débats. Certains remettent en question la nécessité de la chasse dans la gestion moderne de la faune, arguant que la nature peut s’autoréguler. D’autres pointent les risques liés à certaines pratiques comme le nourrissage artificiel ou les lâchers massifs de gibier d’élevage. Ces discussions illustrent la complexité des enjeux autour de la chasse et de la gestion de la faune sauvage dans nos sociétés contemporaines.

En fin de compte, l’avenir de la chasse en France dépendra de sa capacité à s’adapter aux évolutions sociétales et environnementales. Une chose est sûre : la gestion des espèces chassables continuera d’évoluer, cherchant toujours le meilleur équilibre entre tradition cynégétique et impératifs de conservation de la biodiversité.