La chasse à la passée consiste à se positionner sur les trajectoires habituelles du gibier d’eau entre ses zones de repos et d’alimentation. Cette technique ancestrale se pratique principalement aux heures de déplacement des anatidés : l’aube et le crépuscule. Maîtriser cette méthode demande observation, patience et connaissance du comportement animal pour optimiser ses chances de réussite.

Qu’est-ce que la chasse à la passée : principe et définition

La chasse à la passée représente l’une des techniques les plus traditionnelles et authentiques pour pratiquer la chasse au gibier d’eau en France. Cette méthode repose sur un principe fondamental : intercepter les oiseaux aquatiques lors de leurs déplacements quotidiens entre leurs zones de repos diurnes et leurs territoires d’alimentation nocturnes.

Le principe fondamental de la chasse à la passée

Cette pratique cynégétique tire son nom du fait que le chasseur se positionne stratégiquement sur les couloirs de vol empruntés régulièrement par les anatidés. Contrairement à d’autres modes de chasse au gibier d’eau comme la hutte ou la tonne qui nécessitent des installations fixes élaborées, la chasse à la passée privilégie la mobilité et l’observation du comportement naturel des oiseaux.

Les moments privilégiés pour cette chasse se situent principalement au crépuscule et à l’aube, périodes durant lesquelles les canards, sarcelles et autres espèces aquatiques effectuent leurs migrations quotidiennes. Le chasseur doit alors faire preuve d’une immobilité absolue dans son poste d’affût, soigneusement choisi après une phase d’observation préalable des habitudes de vol du gibier.

Les espèces concernées par cette technique

La chasse à la passée cible principalement les anatidés migrateurs présents sur le territoire français. Parmi les espèces les plus recherchées figurent :

  • Le canard colvert, espèce la plus commune et la plus chassée
  • La sarcelle d’hiver, particulièrement active lors des passages migratoires
  • Le canard pilet, reconnaissable à sa silhouette élancée
  • Le canard chipeau, apprécié pour sa chair délicate
  • Le canard siffleur, aux vols caractéristiques en formations serrées

L’observation préalable, clé du succès

La réussite de cette technique repose largement sur l’identification des couloirs de passage privilégiés par les oiseaux. Le chasseur expérimenté consacre de nombreuses heures à observer les trajectoires de vol, notant les variations selon les conditions météorologiques, la direction du vent et les saisons. Cette connaissance du terrain et des habitudes aviaires constitue le socle de cette pratique respectueuse du comportement naturel du gibier d’eau.

Techniques et matériel pour réussir sa chasse à la passée

La réussite d’une chasse à la passée repose sur une préparation minutieuse et un équipement adapté. Le chasseur doit maîtriser plusieurs aspects techniques pour optimiser ses chances de succès lors de ces moments privilégiés où le gibier d’eau effectue ses déplacements quotidiens.

Choix de l’armement et des munitions

Le fusil constitue l’outil principal du chasseur à la passée. Le calibre 12 reste la référence pour cette pratique, offrant une puissance et une portée adaptées aux tirs sur gibier d’eau en mouvement. Les chasseurs privilégiant la légèreté peuvent opter pour un calibre 20, particulièrement efficace sur les petites espèces comme les sarcelles. La longueur du canon influence directement la précision : un canon de 71 à 76 cm permet d’obtenir une gerbe homogène à distance.

Les cartouches doivent être sélectionnées selon les conditions de chasse. Pour les tirs à moyenne distance, les plombs n°4 ou n°5 conviennent parfaitement aux canards colvert, tandis que les plombs n°6 ou n°7 s’avèrent plus appropriés pour les sarcelles et autres petits anatidés.

Espèce Plomb recommandé Distance optimale
Canard colvert N°4 – N°5 25-35 mètres
Sarcelle d’hiver N°6 – N°7 20-30 mètres
Pilet N°4 – N°5 30-40 mètres

Camouflage et positionnement stratégique

L’art du camouflage détermine largement le succès de la chasse à la passée. Les vêtements doivent s’harmoniser avec l’environnement : tenues marron et vertes pour les zones boisées, coloris beiges et ocres pour les milieux de roselières. Le filet de camouflage permet de briser la silhouette humaine, particulièrement redoutable pour les oiseaux dotés d’une vue perçante.

L’affût peut être portable pour s’adapter aux déplacements du gibier ou fixe dans les secteurs régulièrement fréquentés. L’étude préalable des vents dominants s’impose : les canards préfèrent atterrir face au vent, information capitale pour anticiper leur trajectoire d’approche.

Utilisation des appelants et appeaux

Les appelants en plastique ou en liège reproduisent fidèlement les silhouettes des différentes espèces. Leur disposition sur le plan d’eau doit imiter un groupe naturel :

  • Placement en forme de J ou de V ouvert
  • Espacement de 2 à 3 mètres entre chaque appelant
  • Positionnement dans la zone de vent portant

Les appeaux complètent ce dispositif en reproduisant les cris caractéristiques de chaque espèce. La maîtrise de ces instruments demande de l’entraînement, car un appel mal exécuté peut effrayer le gibier plutôt que l’attirer.

Conditions optimales de chasse

Les heures les plus productives se situent dans la première heure suivant le lever du jour et durant les 45 minutes précédant le coucher du soleil. Un temps légèrement couvert avec un vent modéré favorise l’activité des anatidés. Les conditions météorologiques perturbées poussent souvent les oiseaux à modifier leurs habitudes de vol, créant des opportunités inattendues pour le chasseur patient et observateur.

Réglementation et bonnes pratiques de la chasse à la passée

Réglementation et bonnes pratiques de la chasse à la passée

La chasse à la passée, bien qu’autorisée en France, s’inscrit dans un cadre réglementaire strict qui varie selon les départements et les espèces chassées. Cette discipline cynégétique nécessite une parfaite connaissance des règles en vigueur pour garantir une pratique légale et sécurisée.

Cadre légal et périodes d’ouverture

Les dates d’ouverture de la chasse à la passée diffèrent sensiblement d’un département à l’autre. En Gironde par exemple, la saison débute généralement fin août pour certaines espèces de gibier d’eau, tandis que d’autres zones françaises ouvrent plus tardivement. Les chasseurs doivent impérativement consulter les arrêtés préfectoraux de leur département pour connaître les dates précises.

Espèce Période générale Particularités
Canard colvert Août à février Dates variables selon départements
Sarcelle d’hiver Août à janvier Quotas possibles
Bécassine des marais Juillet à février Zones humides spécifiques

Les heures légales de chasse s’étendent du lever du jour au coucher du soleil, interdisant formellement la chasse nocturne. Cette règle distingue clairement la chasse à la passée de pratiques interdites comme la chasse à la croule de la bécasse, qui se déroule au crépuscule.

Sécurité et signalisation des postes

Le port du gilet orange haute visibilité demeure obligatoire dans de nombreuses zones de chasse. Les chasseurs doivent respecter des distances minimales de sécurité :

  • 150 mètres entre postes de chasse
  • Signalisation visible du poste d’affût
  • Respect des angles de tir sécurisés
  • Identification certaine du gibier avant tout tir

Responsabilités environnementales

La protection des zones humides constitue une priorité pour les chasseurs français. Le ramassage systématique des douilles usagées et le respect des autres usagers de la nature (pêcheurs, promeneurs, ornithologues) participent à l’image positive de cette pratique.

Selon la Fédération Nationale des Chasseurs : « La gestion durable du gibier d’eau passe par le respect scrupuleux de la réglementation et l’adoption de bonnes pratiques cynégétiques. »

La formation continue des chasseurs, notamment par le biais de stages de perfectionnement, renforce l’éthique de chasse et garantit une pratique responsable de cette discipline traditionnelle.