La chasse en France est une activité ancestrale qui fait partie intégrante du patrimoine culturel et écologique du pays. Avec près d’un million de pratiquants, elle joue un rôle important dans la gestion de la faune sauvage et la préservation des écosystèmes. Cependant, la pratique de la chasse est strictement encadrée par la loi, notamment en ce qui concerne les espèces pouvant être chassées. Quelles sont donc ces espèces autorisées et comment la réglementation s’applique-t-elle pour assurer une gestion durable des populations animales ?

Cadre légal de la chasse en france : office français de la biodiversité (OFB) et réglementations

L’encadrement juridique de la chasse en France a connu de nombreuses évolutions au fil des années. L’Office Français de la Biodiversité (OFB), créé en 2020, joue désormais un rôle central dans la gestion et le contrôle de cette activité. Cet établissement public, placé sous la tutelle des ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture, est chargé de diverses missions liées à la chasse et à la protection de la biodiversité.

Parmi ses attributions, l’OFB est responsable de l’organisation de l’examen du permis de chasser et de sa délivrance. Il contribue également aux missions de police administrative et judiciaire relatives à la chasse, ainsi qu’à l’expertise en matière d’évaluation de l’état de la faune sauvage et de gestion adaptative des espèces.

La liste des espèces chassables en France est fixée par l’arrêté du 26 juin 1987, régulièrement mis à jour. Actuellement, on compte 89 espèces chassables, réparties entre gibier sédentaire, gibier d’eau et oiseaux de passage. Il est important de noter que certaines espèces font l’objet de moratoires, comme la barge à queue noire, le courlis cendré, la tourterelle des bois et le grand tétras, en raison de leur état de conservation préoccupant.

La chasse en France est soumise à une réglementation stricte visant à concilier pratique cynégétique et préservation de la biodiversité.

Gibier à poil autorisé : espèces et périodes de chasse

Le gibier à poil, ou mammifères chassables , représente une part importante des prélèvements cynégétiques en France. Les espèces les plus emblématiques font l’objet d’une gestion particulière, avec des périodes de chasse spécifiques et des plans de chasse adaptés à chaque territoire.

Cerf élaphe : gestion cynégétique et quotas de prélèvement

Le cerf élaphe ( Cervus elaphus ) est l’un des plus grands mammifères sauvages d’Europe. Sa chasse est strictement encadrée par des plans de chasse qui fixent des quotas de prélèvement pour chaque territoire. Ces quotas sont établis en fonction de l’état des populations et des capacités d’accueil du milieu. La période de chasse du cerf s’étend généralement de septembre à février, avec des variations selon les départements.

La gestion cynégétique du cerf vise à maintenir un équilibre entre les populations et leur habitat. Les chasseurs participent activement au suivi des populations en réalisant des comptages nocturnes et en collectant des données biométriques sur les animaux prélevés.

Sanglier : problématique des dégâts agricoles et plans de chasse

Le sanglier ( Sus scrofa ) est l’espèce de grand gibier la plus chassée en France. Sa population a connu une forte augmentation ces dernières décennies, entraînant une recrudescence des dégâts agricoles. Pour faire face à cette problématique, les périodes de chasse du sanglier sont souvent étendues, parfois même toute l’année dans certains départements.

Les plans de chasse sanglier visent à réguler les populations tout en préservant l’espèce. Les fédérations départementales des chasseurs travaillent en étroite collaboration avec les agriculteurs pour mettre en place des mesures de prévention des dégâts et définir des objectifs de prélèvement adaptés.

Chevreuil : tir d’été et chasse à l’approche

Le chevreuil ( Capreolus capreolus ) est une espèce de petit cervidé très répandue en France. Sa chasse est autorisée de juin à février, avec des modalités spécifiques selon les périodes. Le tir d’été, pratiqué de juin à septembre, permet de prélever les brocards (mâles) à l’approche ou à l’affût. Cette pratique exigeante requiert une connaissance approfondie du comportement de l’animal et de son territoire.

La chasse du chevreuil en battue est quant à elle pratiquée à partir de l’ouverture générale, généralement en octobre. Les plans de chasse chevreuil fixent des quotas de prélèvement en fonction de l’état des populations et des objectifs de gestion définis localement.

Lièvre d’europe : comptages nocturnes et indices kilométriques d’abondance

Le lièvre d’Europe ( Lepus europaeus ) est un petit gibier très apprécié des chasseurs. Sa gestion repose sur un suivi rigoureux des populations, notamment grâce aux comptages nocturnes et aux indices kilométriques d’abondance (IKA). Ces méthodes permettent d’estimer les densités de lièvres et d’ajuster les prélèvements en conséquence.

La période de chasse du lièvre est généralement limitée à quelques semaines entre octobre et décembre. Dans de nombreux départements, des plans de gestion cynégétique imposent des quotas de prélèvement par chasseur ou par territoire.

Lapin de garenne : myxomatose et repeuplement

Le lapin de garenne ( Oryctolagus cuniculus ) a connu un fort déclin suite à l’apparition de la myxomatose dans les années 1950. Aujourd’hui, sa chasse est autorisée dans de nombreux départements, mais les populations restent fragiles. Des opérations de repeuplement sont parfois menées pour restaurer les populations dans les zones où l’espèce a disparu.

La période de chasse du lapin s’étend généralement de septembre à janvier. Dans certaines régions, le lapin est classé comme espèce susceptible d’occasionner des dégâts, ce qui permet sa régulation toute l’année sous certaines conditions.

Gibier à plume chassable : oiseaux sédentaires et migrateurs

Le gibier à plume représente une part importante des prélèvements cynégétiques en France. On distingue les espèces sédentaires, présentes toute l’année sur le territoire, et les espèces migratrices, dont la chasse est soumise à des réglementations spécifiques.

Faisan de colchide : élevage et lâchers de repeuplement

Le faisan de Colchide ( Phasianus colchicus ) est l’une des espèces de petit gibier les plus chassées en France. Bien que des populations sauvages existent, une grande partie des faisans chassés provient d’élevages. Les lâchers de repeuplement sont une pratique courante pour maintenir des effectifs suffisants pour la chasse.

La période de chasse du faisan s’étend généralement de septembre à janvier. De nombreux territoires mettent en place des plans de gestion visant à favoriser la reproduction naturelle et à limiter la dépendance aux lâchers.

Perdrix rouge et grise : gestion des populations naturelles

Les perdrix rouge ( Alectoris rufa ) et grise ( Perdix perdix ) sont des espèces emblématiques de la chasse française. Leur gestion vise à maintenir des populations naturelles viables, en limitant le recours aux lâchers. Des comptages au printemps et en été permettent d’évaluer le succès de la reproduction et d’ajuster les prélèvements.

La chasse des perdrix est généralement ouverte de septembre à novembre. De nombreux territoires imposent des plans de gestion avec des quotas de prélèvement adaptés à l’état des populations locales.

Bécasse des bois : PMA et carnet de prélèvement universel

La bécasse des bois ( Scolopax rusticola ) est un oiseau migrateur très prisé des chasseurs. Sa gestion fait l’objet d’une attention particulière, avec la mise en place d’un Prélèvement Maximum Autorisé (PMA) national et d’un carnet de prélèvement universel. Ces outils permettent de suivre précisément les prélèvements et d’adapter la pression de chasse à l’état des populations.

La période de chasse de la bécasse s’étend généralement d’octobre à février. Les chasseurs sont tenus de respecter le PMA, qui limite le nombre d’oiseaux pouvant être prélevés par saison et par jour de chasse.

Canard colvert : chasse à la hutte et dates spécifiques

Le canard colvert ( Anas platyrhynchos ) est l’espèce de gibier d’eau la plus chassée en France. Sa chasse est pratiquée de diverses manières, dont la chasse à la hutte, une technique traditionnelle de chasse de nuit. Les dates d’ouverture et de fermeture de la chasse au gibier d’eau sont spécifiques et peuvent varier selon les départements.

La gestion du canard colvert repose sur un suivi des populations à l’échelle européenne, permettant d’ajuster les périodes de chasse en fonction de l’état de conservation de l’espèce.

Pigeon ramier : chasse traditionnelle et contentieux européens

Le pigeon ramier ( Columba palumbus ), également appelé palombe dans le Sud-Ouest, fait l’objet de chasses traditionnelles comme la chasse à la palombière. Ces pratiques sont parfois source de contentieux avec la Commission européenne, notamment concernant les périodes de chasse qui peuvent chevaucher la période de migration prénuptiale.

La chasse du pigeon ramier est généralement ouverte de septembre à février. Des mesures de gestion spécifiques sont mises en place dans certaines régions pour concilier maintien des traditions cynégétiques et respect des directives européennes.

Espèces protégées et interdiction de chasse

En parallèle des espèces chassables, il existe en France de nombreuses espèces protégées dont la chasse est strictement interdite. Cette protection concerne aussi bien des mammifères que des oiseaux, et vise à préserver les espèces menacées ou jouant un rôle écologique important.

Parmi les espèces protégées, on peut citer le loup, l’ours, le lynx pour les mammifères, ou encore l’aigle royal, le faucon pèlerin et la cigogne blanche pour les oiseaux. La liste des espèces protégées est régulièrement mise à jour en fonction de l’évolution des populations et des connaissances scientifiques.

La protection des espèces menacées est un enjeu majeur pour la préservation de la biodiversité, nécessitant une collaboration étroite entre chasseurs, naturalistes et pouvoirs publics.

Méthodes de chasse autorisées et restrictions

La pratique de la chasse en France est encadrée non seulement par la réglementation des espèces chassables, mais aussi par des règles strictes concernant les méthodes de chasse autorisées. Ces dispositions visent à garantir une pratique éthique et durable de la chasse, tout en assurant la sécurité des chasseurs et des autres usagers de la nature.

Chasse à tir : armes et munitions homologuées

La chasse à tir est la méthode la plus répandue en France. Elle est pratiquée avec des armes à feu (fusils, carabines) ou des arcs, selon des réglementations spécifiques. Les armes et munitions utilisées doivent être homologuées et adaptées au gibier chassé. Par exemple, l’utilisation de la grenaille de plomb est interdite dans les zones humides pour prévenir la contamination de l’environnement.

Les chasseurs doivent suivre une formation spécifique et obtenir un permis de chasser pour pratiquer la chasse à tir. Des règles de sécurité strictes s’appliquent, notamment concernant le transport et le maniement des armes.

Chasse à courre : vénerie et équipages

La chasse à courre, ou vénerie, est une pratique traditionnelle qui consiste à poursuivre un animal sauvage avec une meute de chiens. Cette méthode de chasse est strictement encadrée et ne concerne que certaines espèces comme le cerf, le chevreuil, le sanglier, le renard et le lièvre.

Les équipages de vénerie doivent être agréés et respecter des règles spécifiques concernant la composition de la meute, les périodes de chasse et le respect du bien-être animal. La chasse à courre fait l’objet de débats sociétaux et son maintien est régulièrement questionné.

Chasse au vol : fauconnerie et espèces de rapaces utilisées

La chasse au vol, ou fauconnerie, est une pratique ancestrale utilisant des rapaces dressés pour capturer le gibier. En France, seules certaines espèces de rapaces peuvent être utilisées pour la chasse au vol, comme l’autour des palombes, l’épervier d’Europe ou le faucon pèlerin.

Les fauconniers doivent détenir des autorisations spécifiques pour la détention et l’utilisation de rapaces. La pratique de la chasse au vol est soumise à des règles strictes visant à garantir le bien-être des oiseaux utilisés et la préservation des populations sauvages de rapaces.

Piégeage : catégories de pièges et formation obligatoire

Le piégeage est une méthode de régulation utilisée principalement pour les espèces classées comme susceptibles d’occasionner des dégâts. Les pièges sont classés en différentes catégories selon leur fonctionnement et leur sélectivité. L’utilisation de certains types de piè

ges est soumise à une réglementation stricte et nécessite une formation spécifique.

Les piégeurs agréés doivent suivre une formation obligatoire et respecter des règles précises concernant la pose, le contrôle et la déclaration des pièges. Cette pratique vise principalement à réguler les populations d’espèces comme le renard, le ragondin ou la corneille noire, dans le cadre de la protection des cultures et des élevages.

Gestion durable des populations et éthique de la chasse

La gestion durable des populations animales est au cœur des préoccupations de la chasse moderne. Les chasseurs, en collaboration avec les scientifiques et les gestionnaires d’espaces naturels, participent activement au suivi des populations et à la préservation des habitats.

L’éthique de la chasse implique le respect de l’animal chassé, de son environnement et des autres usagers de la nature. Les chasseurs sont formés à identifier les espèces, à pratiquer un tir sélectif et à assurer une recherche efficace du gibier blessé. Des commissions éthiques au sein des fédérations de chasse veillent au respect de ces principes.

La chasse du 21ème siècle se veut responsable, participant à l’équilibre des écosystèmes tout en préservant les traditions cynégétiques.

La gestion adaptative des espèces est un concept émergent qui vise à ajuster les prélèvements en fonction de l’état des populations et des objectifs de conservation. Cette approche nécessite une collecte de données fiables et une collaboration étroite entre chasseurs, scientifiques et pouvoirs publics.

En définitive, la liste des espèces chassables en France reflète la diversité de la faune sauvage du pays, mais aussi la complexité de sa gestion. Entre tradition cynégétique et enjeux de conservation, la chasse moderne se doit d’être un acteur responsable de la gestion de la biodiversité. La réglementation stricte et l’évolution constante des pratiques témoignent de cette volonté d’adapter la chasse aux défis écologiques contemporains.

Que vous soyez chasseur ou simple amoureux de la nature, comprendre la réglementation et les enjeux liés aux espèces chassables est essentiel pour appréhender le rôle de la chasse dans notre société. Comment percevez-vous l’évolution de cette pratique ancestrale face aux défis environnementaux actuels ?