La chasse, activité ancestrale ancrée dans la culture française, fait l’objet d’une réglementation précise et évolutive. Chaque année, les chasseurs attendent avec impatience l’ouverture de la saison, un moment crucial qui marque le début de leurs activités cynégétiques. Cette pratique, qui suscite autant de passion que de débats, s’inscrit dans un cadre légal rigoureux visant à concilier tradition, gestion de la faune sauvage et préservation de l’environnement. Comprendre les périodes d’ouverture de la chasse en France est essentiel non seulement pour les chasseurs, mais aussi pour tous ceux qui s’intéressent à la gestion du territoire et à la biodiversité.

Calendrier national des périodes de chasse 2023-2024

Le calendrier cynégétique français est structuré autour de dates clés qui rythment la vie des chasseurs. L’ouverture générale de la chasse intervient traditionnellement le deuxième ou troisième dimanche de septembre, selon les départements. Cette date marque le coup d’envoi officiel de la saison pour la majorité des espèces chassables. Cependant, il est crucial de noter que ce calendrier n’est pas uniforme et connaît de nombreuses variations selon les régions et les types de gibier.

Pour la saison 2023-2024, l’ouverture générale s’échelonne entre le 10 et le 17 septembre 2023, tandis que la fermeture est fixée au dernier jour de février 2024 dans la plupart des départements. Ces dates constituent le cadre général, mais il existe de nombreuses exceptions et particularités à prendre en compte. Par exemple, la chasse au gibier d’eau peut ouvrir dès le 21 août dans certaines zones, alors que la chasse à la bécasse des bois se prolonge souvent jusqu’à mi-février.

Il est impératif pour chaque chasseur de consulter l’arrêté préfectoral de son département, qui détaille avec précision les dates d’ouverture et de fermeture pour chaque espèce. Ces arrêtés sont généralement publiés au cours de l’été précédant la saison de chasse et prennent en compte les spécificités locales en termes de populations animales et d’équilibres écologiques.

Réglementation par type de gibier et région

La diversité des espèces chassables en France nécessite une réglementation adaptée à chaque type de gibier. Cette approche permet une gestion fine des populations animales et tient compte des cycles biologiques propres à chaque espèce. La réglementation varie également selon les régions, reflétant les particularités géographiques et écologiques du territoire français.

Chasse du grand gibier : cerf, chevreuil, sanglier

La chasse au grand gibier est soumise à des règles strictes, notamment en raison de l’impact significatif de ces espèces sur les écosystèmes et l’agriculture. Pour le cerf et le chevreuil, la chasse s’inscrit généralement dans le cadre d’un plan de chasse, qui définit le nombre d’animaux pouvant être prélevés sur un territoire donné. Ces plans visent à maintenir un équilibre entre les populations animales et leur habitat.

Le sanglier, espèce prolifique et souvent à l’origine de dégâts agricoles importants, fait l’objet d’une attention particulière. Dans de nombreux départements, sa chasse peut être autorisée dès le 1er juin, bien avant l’ouverture générale. Cette chasse anticipée se pratique généralement à l’approche ou à l’affût, et nécessite une autorisation préfectorale spécifique.

Les périodes de chasse pour le grand gibier peuvent s’étendre au-delà de la date de fermeture générale, parfois jusqu’à fin mars pour le sanglier dans les zones à fort enjeu agricole. Il est essentiel de consulter les arrêtés préfectoraux pour connaître les modalités précises dans chaque département.

Chasse du petit gibier : lièvre, lapin, faisan

La chasse au petit gibier est souvent plus restreinte dans le temps, afin de préserver les populations parfois fragiles de ces espèces. Le lièvre, par exemple, ne peut généralement être chassé que pendant quelques semaines, souvent entre octobre et décembre. Cette limitation vise à assurer la pérennité de l’espèce, particulièrement sensible à la pression de chasse.

Pour le faisan et la perdrix, espèces souvent issues de lâchers, les périodes de chasse sont définies localement en fonction des politiques de gestion cynégétique. Certains départements ont mis en place des plans de gestion spécifiques, limitant les prélèvements et imposant des périodes de chasse réduites pour favoriser la reproduction naturelle de ces oiseaux.

Le lapin de garenne, autrefois abondant mais aujourd’hui en déclin dans de nombreuses régions, fait l’objet de mesures de gestion adaptées. Sa chasse peut être autorisée dès l’ouverture générale, mais les prélèvements sont souvent encadrés pour préserver les populations existantes.

Chasse des oiseaux migrateurs : canard, bécasse, pigeon

La chasse aux oiseaux migrateurs est particulièrement complexe à réglementer, car elle doit tenir compte des périodes de migration et de nidification. Les dates d’ouverture et de fermeture sont fixées au niveau national par arrêté ministériel, mais peuvent être adaptées localement en fonction des réalités du terrain.

Pour le gibier d’eau, comme les canards et les oies, la chasse peut débuter dès le 21 août sur le domaine public maritime et s’étendre jusqu’à fin janvier, voire mi-février pour certaines espèces. La chasse de nuit du gibier d’eau est autorisée dans certains départements, sous réserve de disposer d’une installation fixe déclarée.

La bécasse des bois, espèce emblématique pour de nombreux chasseurs, bénéficie d’une réglementation spécifique. Sa chasse est généralement autorisée de l’ouverture générale jusqu’à mi-février, avec des limitations de prélèvements (quota journalier et annuel) dans la plupart des départements.

Les pigeons et les tourterelles font l’objet de périodes de chasse variables selon les espèces et les régions. La chasse à la tourterelle des bois, par exemple, est soumise à des quotas stricts et à une période de chasse réduite pour préserver cette espèce en déclin.

Spécificités régionales : corse, DOM-TOM

Les territoires insulaires et d’outre-mer présentent des particularités cynégétiques qui se reflètent dans leur réglementation. En Corse, par exemple, la chasse au mouflon est strictement encadrée, avec des périodes de chasse limitées et un système de quota pour préserver cette espèce emblématique de l’île.

Dans les départements d’outre-mer, la réglementation s’adapte aux espèces locales et aux conditions climatiques spécifiques. Ainsi, en Guadeloupe et en Martinique, la chasse aux oiseaux migrateurs comme le tournepierre à collier ou le chevalier grivelé obéit à un calendrier propre, tenant compte des périodes de migration dans les Caraïbes.

À La Réunion, la chasse au tangue (petit mammifère insectivore) est une tradition locale qui fait l’objet d’une réglementation particulière, avec une période de chasse généralement fixée de février à avril.

La diversité des écosystèmes français, de la métropole aux territoires d’outre-mer, exige une approche nuancée et adaptative de la réglementation cynégétique, prenant en compte les spécificités de chaque région.

Procédures administratives pour l’ouverture de la chasse

L’exercice de la chasse en France est soumis à un cadre administratif rigoureux, visant à garantir la sécurité, la préservation des espèces et une gestion équilibrée de la faune sauvage. Les chasseurs doivent se conformer à plusieurs obligations administratives avant de pouvoir pratiquer leur activité.

Obtention du permis de chasser

Le permis de chasser est le sésame indispensable pour tout chasseur en France. Son obtention nécessite de passer un examen théorique et pratique, organisé par l’Office français de la biodiversité (OFB). La formation préparatoire à cet examen est dispensée par les Fédérations Départementales des Chasseurs et aborde des thèmes essentiels tels que la sécurité, la connaissance des espèces et la réglementation.

L’examen théorique porte sur la connaissance de la faune sauvage, la gestion des espèces et la législation relative à la police de la chasse. La partie pratique évalue les compétences du candidat en matière de maniement des armes et de sécurité. Une fois obtenu, le permis de chasser est valable à vie, mais doit être validé chaque année pour pouvoir être utilisé.

Validation annuelle et assurance obligatoire

La validation annuelle du permis de chasser est une étape cruciale que chaque chasseur doit accomplir avant le début de la saison. Cette validation comprend le paiement de plusieurs redevances et cotisations :

  • La redevance cynégétique (nationale ou départementale)
  • La cotisation fédérale
  • La contribution sanglier (dans certains départements)
  • Le droit de timbre

En plus de la validation du permis, la souscription d’une assurance responsabilité civile « chasse » est obligatoire. Cette assurance couvre les dommages corporels et matériels que le chasseur pourrait causer à des tiers dans le cadre de son activité cynégétique.

La procédure de validation peut être effectuée en ligne sur le site de la Fédération Nationale des Chasseurs ou auprès des fédérations départementales. Il est recommandé de procéder à cette validation bien avant l’ouverture de la chasse pour éviter tout retard administratif.

Autorisations spéciales : tir de nuit, chasse à l’arc

Certaines pratiques de chasse nécessitent des autorisations spécifiques en plus du permis de chasser validé. La chasse de nuit du gibier d’eau, par exemple, n’est autorisée que dans certains départements et uniquement à partir d’installations fixes déclarées (huttes, tonnes, gabions). Les chasseurs souhaitant pratiquer ce type de chasse doivent obtenir une autorisation préfectorale et s’inscrire dans un registre départemental.

La chasse à l’arc, quant à elle, requiert une formation spécifique sanctionnée par une attestation de formation. Cette journée de formation, organisée par les fédérations départementales, aborde les aspects techniques, réglementaires et éthiques de cette pratique particulière.

D’autres autorisations peuvent être nécessaires pour des chasses spécifiques, comme la vénerie (chasse à courre) ou la chasse en battue du grand gibier. Ces autorisations visent à s’assurer que les chasseurs possèdent les compétences et connaissances nécessaires pour pratiquer ces modes de chasse en toute sécurité et dans le respect de la réglementation.

Zones et territoires de chasse en france

La France offre une grande diversité de territoires de chasse, reflétant la variété de ses paysages et écosystèmes. La pratique de la chasse est étroitement liée à la gestion de ces espaces, qu’ils soient publics ou privés. Comprendre la nature et le statut des différentes zones de chasse est essentiel pour tout chasseur souhaitant exercer son activité en conformité avec la loi.

Les forêts domaniales, propriétés de l’État gérées par l’Office National des Forêts (ONF), constituent une part importante des territoires chassables. L’accès à ces zones se fait généralement par le biais d’adjudications ou de licences délivrées par l’ONF. Ces chasses en forêt domaniale sont réputées pour leur qualité et la diversité du gibier, notamment le grand gibier comme le cerf et le sanglier.

Les propriétés privées représentent la majorité des territoires de chasse en France. Les propriétaires peuvent choisir de chasser eux-mêmes sur leurs terres, de les louer à des sociétés de chasse ou de les intégrer à une Association Communale de Chasse Agréée (ACCA). Les ACCA, présentes dans environ un tiers des communes françaises, visent à démocratiser l’accès à la chasse en regroupant les petites propriétés.

Le domaine public maritime et fluvial offre des opportunités de chasse spécifiques, notamment pour le gibier d’eau. L’accès à ces zones est réglementé et peut nécessiter des autorisations particulières. La chasse sur le domaine public maritime, par exemple, est soumise à un système de licence délivrée par l’État.

La diversité des territoires de chasse en France contribue à la richesse de la pratique cynégétique, mais implique également une connaissance approfondie des réglementations spécifiques à chaque type de zone.

Les réserves de chasse et de faune sauvage jouent un rôle crucial dans la conservation des espèces et la gestion cynégétique. Ces zones, où la chasse est généralement interdite, servent de refuges pour la faune et permettent d’étudier les populations animales dans des conditions naturelles. Cependant, des battues administratives peuvent y être organisées pour réguler certaines espèces en cas de surpopulation.

La chasse dans les parcs nationaux et les réserves naturelles est strictement encadrée, voire interdite dans les zones centrales. Ces espaces protégés contribuent à la préservation de la biodiversité tout en offrant parfois des possibilités de chasse contrôlée dans leurs zones périphériques.

Sécurité et éthique du chasseur responsable

La pratique de la chasse implique une responsabilité importante en matière de sécurité, tant pour les chasseurs eux-mêmes que pour les autres usagers de la nature. L’éthique du chasseur, quant à elle, va au-delà du simple respect des règles et englobe une approche respectueuse de l’environnement et de la faune.

Équip

ement réglementaire et conseillé

La sécurité en action de chasse commence par un équipement adapté et conforme à la réglementation. Le port de vêtements de couleur vive, généralement orange fluorescent, est obligatoire lors des battues au grand gibier. Cette mesure simple mais efficace permet d’améliorer considérablement la visibilité des chasseurs entre eux et vis-à-vis des autres usagers de la nature.

L’équipement de base du chasseur responsable comprend également :

  • Une arme en bon état, régulièrement entretenue et vérifiée
  • Des munitions adaptées à l’arme et au type de chasse pratiqué
  • Une trousse de premiers secours
  • Un dispositif de communication (téléphone portable ou radio) pour alerter en cas d’urgence

Il est également recommandé de porter des protections auditives, particulièrement lors des battues où les tirs sont fréquents, ainsi que des lunettes de protection pour préserver ses yeux des branches et des ricochets éventuels.

Règles de sécurité sur le terrain

La sécurité en action de chasse repose sur des règles fondamentales que tout chasseur se doit de respecter scrupuleusement :

  • Identifier formellement sa cible avant de tirer
  • Ne jamais tirer en direction d’une personne ou d’une habitation
  • Respecter les angles de sécurité de 30 degrés lors des battues
  • Décharger son arme lors des déplacements et pour franchir un obstacle
  • Signaler sa présence aux autres chasseurs et usagers de la nature

La communication entre chasseurs est cruciale pour assurer la sécurité de tous. Lors des chasses en groupe, un briefing de sécurité doit être systématiquement organisé avant le début de l’action, rappelant les consignes essentielles et les particularités du terrain.

Gestion durable des populations animales

L’éthique du chasseur responsable s’étend au-delà de la simple pratique de la chasse et englobe une approche de gestion durable des populations animales. Cette gestion implique une connaissance approfondie des espèces et de leurs habitats, ainsi qu’une collaboration étroite avec les scientifiques et les gestionnaires des milieux naturels.

Les chasseurs jouent un rôle important dans le suivi des populations animales, notamment à travers la participation à des comptages et à des programmes de marquage. Ces données contribuent à une meilleure compréhension de la dynamique des populations et permettent d’ajuster les prélèvements de manière à maintenir un équilibre écologique.

La gestion cynégétique moderne s’appuie sur des plans de chasse et de gestion qui définissent des quotas de prélèvement adaptés à chaque espèce et à chaque territoire. Ces plans visent à maintenir des populations animales en bonne santé tout en prévenant les dégâts excessifs aux cultures et aux forêts.

L’éthique du chasseur responsable implique une approche globale de la conservation, où la chasse n’est qu’un outil parmi d’autres pour maintenir l’équilibre des écosystèmes.

Impact écologique et controverses autour de la chasse

La pratique de la chasse soulève de nombreux débats dans la société française, opposant souvent les défenseurs de cette activité traditionnelle aux mouvements de protection de la nature. L’impact écologique de la chasse est au cœur de ces controverses, avec des arguments avancés par les deux camps.

Les partisans de la chasse soulignent son rôle dans la régulation des populations animales, notamment pour les espèces comme le sanglier dont la prolifération peut causer d’importants dégâts agricoles. Ils mettent également en avant la contribution des chasseurs à l’entretien des milieux naturels et à la préservation de certains habitats, comme les zones humides pour le gibier d’eau.

Les opposants à la chasse, quant à eux, pointent du doigt les risques de surexploitation de certaines espèces, particulièrement les oiseaux migrateurs dont les populations sont déjà fragilisées par d’autres facteurs comme la destruction des habitats et le changement climatique. Ils critiquent également les pratiques de lâchers d’animaux d’élevage, considérées comme artificielles et potentiellement néfastes pour les équilibres écologiques.

La question du bien-être animal est également au cœur des débats, avec une sensibilité croissante de l’opinion publique sur ce sujet. Les méthodes de chasse jugées cruelles, comme le déterrage, font l’objet de vives critiques et de demandes d’interdiction.

Face à ces controverses, le monde de la chasse évolue et cherche à adapter ses pratiques. Des efforts sont faits pour améliorer la formation des chasseurs, renforcer les mesures de sécurité et développer des approches plus éthiques et écologiques de la gestion de la faune sauvage.

Le débat autour de la chasse reflète des visions différentes de notre rapport à la nature et pose la question de la place de l’homme dans les écosystèmes modernes.

En conclusion, la pratique de la chasse en France s’inscrit dans un cadre réglementaire complexe, visant à concilier tradition, gestion de la faune et préservation de l’environnement. Les périodes d’ouverture de la chasse, soigneusement définies, sont le reflet de cette recherche d’équilibre. Pour le chasseur responsable, connaître et respecter ces périodes n’est qu’une partie d’un engagement plus large envers une pratique éthique et durable de la chasse, contribuant à la conservation de la biodiversité tout en perpétuant une activité profondément ancrée dans la culture rurale française.