La chasse à la palombe dans les cols pyrénéens suit un calendrier précis, de l’ouverture générale au 20 novembre. Cette période correspond à la migration automnale des palombes, moment privilégié par les chasseurs traditionnels. Connaître ces dates et périodes optimales permet d’organiser efficacement cette pratique ancestrale respectueuse des cycles naturels.

Dates d’ouverture et de fermeture de la chasse à la palombe

La chasse traditionnelle à la palombe dans les cols pyrénéens suit un calendrier réglementaire précis qui détermine les périodes autorisées pour cette pratique ancestrale. Ces dates, fixées par les autorités compétentes, encadrent rigoureusement l’exercice de cette chasse patrimoniale.

Calendrier officiel de la saison de chasse

La chasse traditionnelle en palombière aux filets et au tir au posé avec appelants se déroule de l’ouverture générale jusqu’au 20 novembre inclus. Cette période correspond aux flux migratoires naturels des palombes traversant les Pyrénées vers leurs quartiers d’hiver. Les baux d’attribution sont accordés pour une période débutant le 15 septembre et se terminant le 20 novembre, couvrant ainsi trois saisons de chasse consécutives.

Type de chasse Date d’ouverture Date de fermeture
Chasse traditionnelle aux filets 15 septembre 20 novembre
Tir au posé avec appelants 15 septembre 20 novembre
Chasse au fusil Ouverture générale 20 novembre

Procédure d’attribution des emplacements

Les ventes aux enchères pour les attributions des cols et cabanes de chasse ont lieu traditionnellement en mai. Par exemple, le samedi 11 mai au marché couvert de Tardets, les enchères s’organisent selon un programme établi : ouverture des enchères pour les palombières à 9h30, puis début des enchères pour les tirs au vol à 10h30. Cette procédure garantit une répartition équitable des postes de chasse les plus prisés.

Spécificités réglementaires départementales

Chaque département pyrénéen applique ses propres modalités d’attribution tout en respectant le cadre national. Les Pyrénées-Atlantiques, notamment en Soule, organisent ces ventes aux enchères avec des critères spécifiques liés à l’ancienneté des chasseurs et au respect des traditions locales. Cette réglementation vise à préserver l’équilibre entre exploitation cynégétique et conservation de l’espèce migratrice.

Migration automnale : la période privilégiée des chasseurs

Migration automnale : la période privilégiée des chasseurs

La migration automnale des palombes représente l’événement tant attendu par les chasseurs des cols pyrénéens, transformant les hauteurs en véritables théâtres de la tradition cynégétique. Cette période, s’étendant principalement d’octobre à novembre, concentre l’essentiel de l’activité de chasse traditionnelle dans les Pyrénées.

Le décalage saisonnier : quand les traditions s’adaptent

Autrefois, le « grand truc de saint Luc » du 18 octobre marquait traditionnellement les grands passages de palombes, coïncidant avec les vendanges. Cette date mythique n’est désormais plus qu’un souvenir du siècle dernier, victime du changement climatique qui modifie progressivement les rythmes migratoires. Les chasseurs constatent aujourd’hui un décalage notable des saisons, les obligeant à adapter leurs habitudes séculaires.

Ce bouleversement temporel pousse même certains maires ruraux à avancer la cérémonie du 11 novembre d’une heure minimum, les chasseurs préférant consacrer ces moments privilégiés à l’observation des vols plutôt qu’aux commémorations.

Les conditions météorologiques déterminantes

Les vents de nord et nord-est demeurent les alliés privilégiés des chasseurs, comme l’explique Benoît Lagarde de la pantière de Lantabat : « Chez nous, les vents de nord, nord-est, sont les meilleurs. Ça les pousse au cul. » Cette pantière, située à 337 mètres d’altitude, constitue historiquement la plus ancienne chasse à la palombe dans les cols pyrénéens, ses filets ayant été remontés en 1920 par la famille Trolliet après la Révolution française.

La migration 2024 illustre parfaitement l’influence des conditions atmosphériques, avec trois journées exceptionnelles les 31 octobre, 1er et 2 novembre, durant lesquelles 1,8 million de palombes ont franchi les Pyrénées selon le Groupe d’investigation sur la faune sauvage (Gifs).

Conditions météorologiques et passages optimaux

Conditions météorologiques et passages optimaux

Les conditions météorologiques déterminent de manière décisive le succès de la chasse à la palombe dans les cols pyrénéens. La compréhension de ces phénomènes atmosphériques permet aux chasseurs d’optimiser leurs sorties et d’anticiper les passages les plus favorables.

Les vents favorables : alliés naturels du chasseur

Les vents de nord et nord-est constituent les conditions météorologiques les plus recherchées par les paloumayres. Comme l’explique Benoît Lagarde, chasseur expérimenté de la pantière de Lantabat :

« Chez nous, les vents de nord, nord-est, sont les meilleurs. Ça les pousse au cul. »

L’impact des conditions hivernales sur les migrations

Les abondantes chutes de neige modifient considérablement les comportements migratoires. Lorsque la montagne se couvre d’un manteau blanc, des milliers de palombes se retrouvent bloquées au pied des Pyrénées et choisissent alors d’hiverner en plaines plutôt que de poursuivre leur route vers l’Espagne.

Surveillance technologique des passages

Le radar ornithologique installé sur la corniche à Urrugne révolutionne la compréhension des migrations en mesurant la nature et l’importance de la migration nocturne, complétant ainsi les observations diurnes traditionnelles.

Les différents types de chasse selon les saisons

Les différents types de chasse selon les saisons

La chasse à la palombe se décline en plusieurs techniques distinctes, chacune adaptée à une période particulière du cycle migratoire et aux conditions locales. Cette diversité des méthodes reflète l’évolution des pratiques cynégétiques face aux changements comportementaux des populations de pigeons ramiers.

Chasse traditionnelle en période de migration

Durant la migration automnale, de septembre à novembre, la palombière aux filets horizontaux avec appelants constitue la méthode ancestrale pratiquée dans les cols pyrénéens. Cette technique requiert des installations fixes intégrées au paysage forestier, avec des réseaux d’appelants positionnés stratégiquement dans les arbres pour attirer les vols migratoires.

Parallèlement, la palombière au tir au posé avec appelants permet de capturer les oiseaux qui se posent à proximité des leurres. Le tir au vol depuis les pylônes, pratiqué depuis des installations fixes surélevées, s’effectue avec ou sans appelants selon les conditions de passage.

Adaptations aux populations hivernantes

L’augmentation des populations hivernantes a favorisé le développement du tir de poste à l’affût. Cette pratique émergente consiste à se poster au pied d’un arbre ou en lisière de forêt, notamment près des champs de maïs où les palombes viennent s’alimenter. Cette méthode s’avère particulièrement efficace entre décembre et février, lorsque les oiseaux établissent leurs quartiers d’hiver dans les plaines du Sud-Ouest.

Cols et sites de chasse traditionnels : organisation et horaires

Cols et sites de chasse traditionnels : organisation et horaires

La chasse aux palombes dans les cols pyrénéens s’organise selon un rituel précis où chaque chasseur connaît sa partition. Cette organisation millénaire repose sur une coordination rigoureuse et des horaires stricts adaptés aux habitudes migratoires des oiseaux bleus.

Le quartier général matinal des cols

Au col d’Osquich, l’hôtel-restaurant fait office de véritable quartier général pour les chasseurs. Dès 7h30, alors que le soleil n’est pas encore levé, les équipes se donnent rendez-vous pour le premier café de la journée. Cette réunion matinale permet de faire l’état des troupes avant de lancer les opérations et d’ajuster la stratégie selon les conditions météorologiques observées.

Organisation des équipes et répartition des rôles

Les pantières traditionnelles, comme celle de Lantabat, fonctionnent avec une équipe de vingt chasseurs ayant chacun leur partition. Cette organisation orchestrée comprend :

  • Les guetteurs installés en aval de la vallée pour annoncer les vols
  • Les responsables du déclenchement des filets depuis les pylônes
  • Les équipes de manipulation des cordes et poulies
  • Les chasseurs postés dans les cayolars pour rester invisibles

Rythme quotidien et contraintes horaires

Les opérations de relève des filets sont répétées tous les jours, à chaque prise, matin et soir durant le mois de migration. Cette cadence intensive s’adapte aux pics de passage des palombes qui surviennent désormais plus tôt dans la saison. L’impact sur la vie locale est tel que certains maires ruraux sont sollicités pour avancer la cérémonie du 11 novembre d’une heure minimum afin de ne pas perturber les heures de chasse optimales.

Suivi scientifique et évolution des populations : impact sur la réglementation

Suivi scientifique et évolution des populations : impact sur la réglementation

Le suivi scientifique des populations de palombes constitue aujourd’hui un pilier fondamental pour adapter la réglementation cynégétique aux réalités biologiques de l’espèce. Les données collectées par les organismes spécialisés permettent d’évaluer l’état des populations et d’ajuster les périodes d’ouverture en conséquence.

Programme de surveillance du GIFS : 23 années d’observation

Le Groupe d’investigation sur la faune sauvage (GIFS) mène depuis plus de deux décennies un programme de surveillance exhaustif des populations migratrices. Les conclusions de 2024 révèlent « une certaine stabilité des effectifs migrateurs en 2024, si l’on compare avec les 23 années d’observation précédentes ». Cette stabilité démographique justifie le maintien des dates d’ouverture traditionnelles dans les cols pyrénéens, généralement fixées à partir du 1er octobre.

Le dispositif de comptage s’appuie désormais sur 80 postes de suivi supplémentaires en plaine, complétant les observations historiques des cols. Ces données permettent aux autorités préfectorales d’ajuster finement les arrêtés d’ouverture selon les secteurs géographiques et l’évolution des flux migratoires.

Baguage et télémétrie : outils de compréhension des déplacements

Le programme scientifique a permis le baguage de 25 000 palombes pour la compréhension des déplacements migratoires. Parallèlement, 67 oiseaux portent depuis 2009 une balise Argos sur leur dos, fournissant des données précises sur les axes de migration, les haltes et les zones de reproduction. Ces informations influencent directement la définition des quotas de prélèvement et la répartition géographique des autorisations de chasse.

Intégration des données cynégétiques dans la réglementation

Les statistiques du GIFS intègrent le taux de prélèvement issu de la chasse traditionnelle et au fusil, permettant une approche globale de la gestion des populations. Cette démarche scientifique renforce la position des chasseurs face aux instances européennes, comme le souligne Jean-Luc Dufau :

« Plus on aura de données fiables sur les espèces, plus nous pourrons défendre nos traditions de chasse »

Cette approche basée sur la science permet d’adapter les carnets de prélèvement maximum par chasseur et de justifier le maintien des pratiques traditionnelles auprès des autorités de régulation européennes.